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FCF-Retrovision1
3 décembre 2013

La triplette de Ménoies

 

C’était à l’aube des années 50.

Mimile la Jonquaille, de son vrai nom Emile Bahl, écumait la région en rançonnant les tenanciers de boîtes et de bistrots. Ce qui lui valut quelques démêlés et déboires avec eux, mais aussi les forces de l’ordre et la Justice.

Tout bascula un certain soir de 1947 lorsque deux mondes se rencontrèrent.

Elles avaient obtenu de leurs parents la permission de sortir fêter leur majorité (1) sans chaperon. La soirée était bien entamée et se révélait très fade au chef-lieu où Adrien Haciret, l’homme à tout faire de la famille les avaient conduites quelques heures plus tôt. Il viendrait les chercher juste avant la fermeture.

De son côté, Mimile était parti en java à L’abat-jour rose, le seul lieu encore animé la nuit tombée.

Dès qu’elles le virent, elles tombèrent tout de suite sous son charme. C’est vrai que son sourire brillait sous l’enseigne. Pensez-vous, du 32 carats garantis pur jus suite à un bris de mâchoire qui ne devait rien à une mauvaise chute.

La triplette de Ménoies venait de succomber.

Les sœurs Fures de la Dess, des triplées de la Haute pour être plus précis : Denise-Marie, Eliane-Angèle et Martine-Monique, que la guerre avait fait échouer à Ménoies sous Vairges. 

Sous ses airs de mauvais garçon, Mimile avait un cœur de Midinette, mais là, devant ces trois grandes perches, il en perdit le peu de latin qu’il avait entendu dans son enfance. Ne pouvant ou ne voulant choisir, il entreprit de les séduire.

Mais cela alla si vite et au-delà de ses attentes, que, pour reprendre le dessus, Mimile leur proposa un marché. Il serait leur amant à tour de rôle.

D’accord mais à une condition, répondirent-elles en chœur : abandonner toute activité illicite.

Oh ! vu son bas de laine, Mimile n’eut pas de mal à se ranger des voitures, vu qu’il venait juste de toucher le produit de son dernier troc au marché noir et qu’il avait quelques visées en tête.

Avec l’appui de leur père (2), il put acheter un petit immeuble qui avait abrité un entrepôt qu’il put facilement transformer en garage et se mit à vendre des voitures d’occasion, puis des neuves.

Pour en revenir à ses dames, il organisa leur vie de telle sorte que chacune eut les mêmes joies et peines que les deux autres : même appart, même voiture, mêmes fringues et le même travail : démonstratrice-essayeuse.

Ainsi les retrouvons-nous en 1954, le long des trottoirs, proposant un essai des derniers modèles Simca. Tout en trois.

Si Monsieur veut bien essayer …et signer le bon de commande.

Le succès fut au rendez-vous grâce à une règle d’or : ne jamais vendre deux voitures identiques dans un même secteur (3)

Ah ! Mimile, quel précurseur !

 

(1) 21 ans jusqu’à la loi du 05 juillet 1974 votée sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing

(2) Honoré-Ernest Manvrais Fures de la Dess, comme beaucoup de notables de l’arrondissement, fréquentait lui aussi assez régulièrement L’abat-jour pour compenser et côtoyait ainsi Mimile avec qui il fut plus d’une fois en affaire

(3) afin que Madame ne descende pas de la même qu’une autre… et fasse une scène à Monsieur. A l’époque s’était encore facile vu la faiblesse du parc automobile, mais plus aujourd’hui

618_GR01_Triplees_Menoies

618_GR02_Triplees_Menoies

 


 

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Commentaires
FCF-Retrovision1
  • FCF-Rétrovision1 est la reprise de la première série de délires qui figuraient sur un site aujourd'hui fermé. Il vous appartiendra de les replacer dans le contexte de leur époque. Certains permettaient de montrer des modèles inédits.
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